Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Musiques et Fantasques Tics Textes, articles et chroniques de musiques et fantastiques.

Galrath (ancien texte )


1ere partie



Je vous conterais ici comment j’ai tué Galrath.


Ce monstre est, en effet, mort et je l’espère, pour une éternité. Bien que, de quoi pouvons nous être sûr en un monde ou nous rions de la mort, et ou la mort se moque de notre ridicule existence ? Mais ici, c’est le nécromant en moi qui parle….plus que de coutume.


Mon nom est Brax Lowlander et la route que je parcoure depuis des années m’a emmenée d’un monde de paix et de beauté détruit irrémédiablement par les Charrs, vers les terres de Kryte et les forêts de Maaguma. Au hasard de mes haltes, souvent j’entendais des citadins qui réclamaient des « faits de guerres », des histoires relatant conquêtes et rencontres….Choses dont je suis peu coutumier, il faut le dire. Mes succès sont derrières moi, et je me consacre entièrement à ma quête : amplifier le pouvoir de la magie qui coule en mes veines. Savoir et se taire sont mes mots d’ordres, et ceux-ci me font évoluer à travers la magie du feu et de la mort, mes terrains de prédilections.


Mais cette quête fut si ardue, que je me dois d’en parler. Je coucherais donc sur ce parchemin le récit de cette aventure, et le laisserai à un carrefour afin qu’il soit trouvé par ceux qui seront guidés jusque là par une quelconque divinité.


Cette histoire a commencé il y a déjà bien des mois… à L’arche du Lion. Cet endroit est à la fois grandiose et misérable. Grandiose si on considère son architecture, le sang et la sueur qui furent nécessaire pour sa construction. Misérable par l’esprit qui l’habite. Ces lieux ne sont envahis que par des bigots de la pire espèce, tous vous parlant de leur « Dieu unique »…Pouah ! Je me méfie de ce Blanc Manteau trop blanc à mon goût….


(Mes craintes semblent être fondées, mais ceci est une autre histoire. Je ne dirais que ceci…soit méfiant, voyageur…les apparences sont trompeuses en ces régions)


Misérable aussi par le mercantilisme qui envahit ces lieux. Il n’y a que marchant, démarcheur, enrôleur, enjôleurs et enjôleuses. Fort rarement n’ai-je croisé la route d’autres « Questeur », Aventuriers véritables. Mais le Brouhaha ambiant est un brouillard dans lequel nous sommes caché l’un de l’autre, peut-être est-ce un bien ? Je ne sais le dire….


En ce lieu, un jour, on me relatât les tentatives pitoyables et obstinées que les autorités de la Kryte mettaient en œuvre pour faire disparaître un paria du Blanc Manteau. Celui-ci, un guerrier prestigieux du nom de Galrath, après être entré dans la légende comme un bretteur hors pair, pour des raisons qui lui sont propres décida de se retirer dans les terres lointaines derrière le Rideau Noir, et de régner en maître sur cette région.


Le Blanc Manteau pris cette désertion comme une gifle cinglante à son pouvoir sans faille…apparente. Personnellement, j’éprouvais une certaine sympathie pour celui qui après avoir été l’exemple et le créateur d’une technique appelée « la taillade de Galrath », hautement estimée par les guerriers de notre époque, devenir sans explication aucune l’ « ennemi » public n°1 de la Kryte…. et de ses futurs squelettes, le Blanc Manteau.


Ce n’est donc pas le personnage qui me fit accepter cette quête, mais la récompense.


Le pouvoir accordé à celui qui tuerait Galrath avait un des plus haut taux donné jusqu’à présent. 4000 unités de flux magique! Afin d’évoluer dans les Arts des éléments et de la nécromancie, le flux magique est indispensable. Il nous permet d’employer nos sorts avec plus d’efficacité, augmentant notre force mentale et physique. Rarement une récompense ne dépasse 1000 unités, pour les missions les plus difficiles. Ici la quantité exprimait bien le désarroi du Blanc Manteau, et la difficulté de la quête.


Ceci dit, quand je regardais autour de moi le nombre d’éclopés rentrant d’une tentative de meurtre sur Galrath, transformant progressivement l’arche du Lion en hôpital de fortune (ou d’infortune ?)Je me dis que si un terme ne fut mit à ses agissements, la Kryte serait bientôt exsangue de vie… Mais c’est déjà ce qu’elle est, en fait.


De plus, ce voyage pourrait me donner l’occasion d’apprendre quelques sorts de nécromancie supplémentaire… Grenth avait eu bien raison de m’envoyer apprendre mon Art en ces lieux.


Jamais Région ne fut plus accueillantes pour un nécromant…et ici, les morts parlent bien plus efficacement que les vivants. Hehehehe !

 

 

 

Galrath - 2ème partie

          Une fois la décision prise d’accepter cette quête, je me mis à la recherche de tous renseignements utiles. Bien que je fusse certain de mon futur succès, je n’étais pas aveugle. La guerre contre les morts-vivants amenait certainement son lot de blessés rapatrié vers l’Arche du Lion, mais certains aventuriers des plus aguerris, qui revenaient parfois exsangues et blessés, avaient surtout essayé d’approcher Galrath. Discutant avec l’un et l’autre, offrant fortes chopines et glissant quelques pièces afin de délier certaines langues, j’obtins en définitive à défaut d’indications précises, de quoi pouvoir faire une carte et un itinéraire. Une estimation des créatures qui seraient à affronter était fort appréciable, cela me permettait de prévoir quels sorts je devrais mémoriser avant d’entamer la route. Après avoir jeté mon dévolu sur une nouvelle « armure », robe de pyromancien fort peu discrète mais ô combien facile et légère au port, et obtenu au marché noir un très puissant bâton lié à l’élément du feu, je me mis en recherche de compagnons de voyage.


Ma nature maussade et mon affinité avec la mort ne m’a jamais vraiment aidé à lier des relations, je le concède. Plutôt donc que de héler les passants ainsi que beaucoup le font, essayant d’élever la voix au dessus des cris ambiants, je me dirigeais vers l’entrée de la ville, dans le coin des mercenaires.


Je les connaissais de longue dates, et certain même mieux qu’eux-mêmes, ayant plus que souvent eu recours à leurs services. O, bien sur, au début, j’avais collaboré à bien des groupes et équipes d’aventurier...mais ce ne furent pas d’heureuses associations, et tel n’est pas ici le propos d’en deviser. L’autre raison pour laquelle je passe fréquemment par leurs services est justement cette capacité de ne pas parler pour rien dire. L’essentiel est connu, ce sont des professionnels.


Ils attendaient tous silencieux et décontractés le long d’un mur d’enceinte. La négociation fut faite rapidement, accord donné sur le pourcentage de partage de tout butin, à l’exception d’objets de nature magique que je me réservais.


Le groupe se composait en finalité de Petit Thom, un guerrier soupçonné d’avoir déserté pour une histoire de femme mais grandement efficace ; Stefan, un ancien garde royal suffisamment mal payé que pour choisir une vie d’aventure ; Reyna, une archère qui avait refusé de devenir rôdeuse ; Alesia, une guérisseuse itinérante et de Duhnam, un enchanteur qui mettait ses talents d’illusionnistes au plus offrant.


Prenant la tête, je les enquis du minimum d’information nécessaire, pas besoin d’en savoir plus pour l’instant. Je ne leur parlais absolument pas du but ultime de cette quête, cela n’étant en rien leur problème.


Nous devrions d’abord atteindre un lieu dit « sources chaudes » au village de Bergen auquel nous ferions halte. De là, nous choisirions le meilleur chemin possible vers un endroit appelé le « Temple des âges » qui serait notre second point de repos.


Nous Prîmes la route dès alors, direction le nord-ouest de la province, notre voyage interrompu à l’occasion par des lutins de feu, vicieuses petites créatures qui ne résistèrent pas longtemps à nos ripostes. Ces fous ! Le feu fait partie de ma nature première !


Autrement plus dure fut la seconde partie de la route, car il nous fallait choisir entre passer sur le territoire des Caromi, ces horribles guerriers sanguinaire à face d’oiseau, ou de faire un long détour et passer par les marécages…auquel cas nous serions sur les territoires des Ecailleux.


Plutôt que d’infiltrer un territoire sauvage fort bien défendus nous décidions d’effectuer le détour par les marécages, de prendre donc vers le nord, direction la pente des brigands, puis d’obliquer vers l’ouest en rejoignant le village crée par les Réfugiés d’Ascalon. Ceci nous semblait être un choix plus judicieux. Bien que les marécages me rappellent un bien désagréable souvenir d’un combat ardu contre des « Ombres », ces viles créatures issues du néant, les Ecailleux seraient plus faciles à terrasser que ces Caromi.


Il ne nous fallut pas longtemps pour tomber sur les habitants de cette spongieuses région, et les combats qui en suivirent nous mirent néanmoins bien à mal… les Ecailleux venaient par vagues incessantes, essayant de nous déborder. Les effluves des marécages qui nous empoisonnaient affaiblissaient tout le groupe, donnant espoir aux écailleux d’aspirer nos souffles de vie. Mes compagnons se battaient avec désespoir et je voyais dans les yeux de notre guérisseuse un regard qui disait « Non ! Pas maintenant ! Mourir si tôt dans notre quête ! ». Je me retirais légèrement du groupe afin de concentrer toute ma volonté, et déchaînait in extremis une averse de feu sur la tête des écailleux qui ne s’attendaient plus à une riposte aussi violente.


Celle-ci eu un effet direct sur la masse de nos ennemis qui partirent en débandade en s’écrasant mutuellement, leurs corps calcinés. Nos guerriers achevèrent les derniers, et notre groupe repris sa route. La violence de l’attaque que nous venions d’essuyer n’était pourtant qu’un avant-goût de ce qui nous attendait.

 

Galrath - 3ème partie

Ces marécages semblaient ne pas avoir de fin. Inlassablement, nos jambes s’enlisaient dans cette boue humide, ralentissant notre marche et rendant le déplacement de nos corps, chuintant dans la vase, malhabile. Avions-nous trop dérivé vers le nord-ouest ? J’avais du mal à rester concentré dans ce cloaque, harcelé par des moustiques affamés qui effectuaient des raids incessant sur mon corps autant que par la présence certaine des écailleux des marais encore à l’affût. Nous avions pénétré sur leur territoire et l’attaque subie préalablement n’était pour eux qu’une mise en bouche, J’en étais certain, je pouvais sentir leur désir de mort à notre encontre.

J’en informais le groupe brièvement pendant une courte halte sur un talus qui ressemblait plus à un furoncle péniblement hissé hors de la fange. Alesia, notre guérisseuse, en profita pour nous appliquer quelques onguents et sorts de guérisons bienvenus. D’après les indications de notre carte, à courte distance au nord se trouvait une pente débouchant non loin de la côte. Mais la proximité de cette côte nous amenait à devoir affronter les gargouilles marines, les Mergouilles. Celles-ci, ainsi que toutes les gargouilles, étaient maîtresses des illusions. Par contre, leurs aptitudes à aspirer votre énergie magique, elles, étaient bien réelles. Nous devrions compter un maximum sur les guerriers et l’archère pour les contenir physiquement, le temps d’envoyer quelques sorts destructifs en restant en arrière de la ligne d’attaque.


Notre marche repris aussi rapide que l’environnement nous le permis. Bientôt, la pente fut en vue et notre groupe se hâtait autant que possible pour s’extraire de ce marécage. C’est alors que l’attaque des écailleux nous pris par surprise, terrassant Dunham, l’illusionniste, qui se retrouvait avec trois créatures sur son dos le plaquant violemment dans l’eau fangeuse sans espoir autre qu’une noyade. Ces écailleux lui lacéraient le dos avec frénésie, et ses cris convertis en gargouillis furent parmi les plus horribles que j’entendis alors. Je frappais le premier écailleux au corps de mon bâton, et esquivant une attaque en me déplaçant latéralement, je lui décochais à bout portant une boule de feu qui lui fit sauter la tête. Son corps s’embrasa en s’effondrant dans la vase. Les deux autres stoppèrent leurs lacérations sur le corps déjà sans vie de l’illusionniste, et se tournèrent vers moi simultanément. Leurs yeux renvoyaient une image de mort, mais pas autant que les miens à cet instant.


La pause fut suffisante pour que je puisse foudroyer le premier par deux sorts consécutifs qui absorbèrent son énergie vitale et dont je me délectais. Quoique de nature animale, il avait sapience que sa vie s’échappais et que rien n’y pouvais plus rien. Son corps desséché s’effondra comme un fétu de paille. Le troisième, qui ôtait ses griffes à l’instant des chairs de mon compagnon, se rua sur moi avec une sauvagerie peu commune. A cet instant, je comprenais que je ne devais compter que sur moi-même car les autres membres du groupe étaient aux prises avec les fameuses Mergouilles au bord même de la pente.


Bien que affaibli, je fis abstraction de la douleur. Pendant que l’écailleux essayait de me déconcentrer en me décochant de vicieux coups de griffes au ventre, l’incantation silencieuse que j’effectuais pris forme et nimba son corps brièvement. Ce qui eu un effet temporaire, celui d’arrêter sa charge. Ne ressentant rien de spécial, sa panique s’estompa et il s’appliqua à m’attaquer de plus belle, même pas surpris par mon apparente absence de réaction. Mais, au plus me frappait-il, au plus sa vie s’écoulait de son corps.


-« Stupide créature ! » lui lançait-je « tu te tue à me tuer ! Quelle ironie » Presque pantelante, l’écailleux restait en face de moi sans plus pouvoir bouger. Je pris mon bâton et le lui enfonçais dans la mâchoire.


« Feu ! » …


Après qu’il s’écroulait terrassé dans l’eau stagnante, je me tournais vers le corps de Dunham. L’illusionniste était on ne peut plus mort. Du coté de mes compagnons, les Mergouilles étaient fort proche de les mettre à mal. Petit Thom et Stefan cote à cote redoublaient de violence en assénant bottes sur bottes. L’adrénaline leurs donnaient des regains de puissances non négligeables, mais peut-être était ce le désespoir ? Reyna les appuyait en décochant de bien vicieuses flèches enflammées, qui firent toutes mouches. Alesia suppliait ses dieux et donnait toute l’énergie dont elle disposait afin que nos guerriers ne faiblissent pas d’un pouce. Ce fut le moment ou je m’arrachais, enfin, du marais et la tira à moi par la manche.


« Alesia ! Ramène-nous Dunham ! » Lui dit je sèchement. « Ressuscite-le ! »


Le regard qu’elle me lança m’en dit, à ce moment, plus qu’un discours. Le choix entre laisser mourir les guerriers qui étaient en train de perdre du terrain face aux Mergouilles, ou essayer de continuer avec moins de personnes au sein du groupe.


« Soit ! » lui dis-je « alors que Grenth dispose de sa vie » !


Elle me lança un dernier regard noir de haine avant de se diriger vers nos trois compagnons ferraillant de plus belles, au point de reculer vers le marais à nouveaux. Les Mergouilles étaient nombreuses, six ou huit au moins. Le sort que j’entrepris au dessus du corps inerte de Dunham, était complexe et aigu. Il s’accompagnait également d’une prière vers le dieu de la mort. Ce que j’entreprenais de faire était l’essence même de la nécromancie, l’antithèse de toute forme de guérison. Le pouvoir magique traversa mon corps et fila dans le cadavre du jeune homme, explosant ses chairs et exposant ses entrailles. Des parcelles de chairs se dressèrent à la verticale, se tressant l’une sur l’autre, s’agglutinant ensemble. Des morceaux d’os se soudèrent à cette masse de viscères sanguinolents, et se stabilisèrent dans un simulacre de forme vivante vaguement humanoïde pourvu de serres. Elles étaient deux, horreurs squelettiques, éphémères… mais Ô combien létales.


Je regardais mes deux enfants, simulacres temporaires attendant un ordre de ma part.


Mon bras se tendit sans regarder dans la direction de la Mergouille la plus proche.


« Tue ! » dit-je…et sans aucune autre réaction, les deux horreurs filèrent se ruer sur le corps de la Mergouille qui disparu rapidement, hachée, sous un amas de sang. Son corps s’écroula désarticulé, mais avant même que sa chute n’était achevée, deux autres monstres s’étaient extrait de ses restes corporels qui explosaient de toutes part.


« Tuez ! » Criais-je en montrant une autre Mergouille. La frénésie nécromantique m’envahissait. Frénésie de création, d’ôter la vie de la mort…d’ôter la vie…


Aussitôt qu’une horreur s’écroulait, un cadavre me donnait matière à en créer deux de plus… le combat s’arrêta après que la dernière Mergouille fut réduite à néant, rejointe par la dernière horreur…. Toutes retournèrent au Néant dont elles étaient issues. Les seules traces du combat restaient des morceaux épars de chairs et d’os.


Je remerciais silencieusement Grenth de m’avoir accordé ce pouvoir.


Aucun de mes compagnons ne m’adressaient la parole, mais je savais qu’aucun d’eux n’appréciaient ce type d’aide. En Kryte, bien des prêtres morts-vivants, zombies, pratiquent ces rites impies. Créant une armée à partir des corps sans vie de leurs amis et ennemis. De Nombreux soldats ont vus leur équipier tombé au combat devenir instantanément de mortelles créatures, se retournant contre eux. Mais personne ne désire fréquenter ceux qui pratiquent cet Art noir et chaotique. Pourtant, c’était par cet Art noir que nous avions vaincu.


« Je ferais revenir Dunham au portail des Dieux » me lança, de dos, Alesia. « Il sera certainement affaibli, mais devrais pouvoir nous assister ».


« DEVRAIS ? » lui criai-je ? « Crois-tu que mon rôle est de vous protéger en tout point ? C’est renverser nos responsabilités que dire cela ! »


Aucune réponse ne vint de sa part, ni de personne. Notre marche repris, silencieuse et lourde, vers le portail qui était, en effet, juste en haut de la pente.

 

 

Galrath - 4ème partie

Face au portail, mes compagnons attendaient que de la lumière resurgisse Dunham. Etrange volonté de celle de nos dieux qui laissaient à certains, dont nous étions, l’octroi de revenir à certains endroits d’au-delà de la mort, mais également à certaines conditions. Etait-ce vraiment la volonté de Grenth ? J’en doute. Le seigneur de la mort ne désirait certes pas que ne s’échappent de son royaume ceux qui y étaient entré. Les Autres dieux ; Melandru, Lyssa, Dwayna et surtout Balthazar avaient insistés pour que les Héros puissent renaître, d’une manière presque illimitée. Mais cela n’était que temporaire, car allait à l’encontre des lois naturelles. Il en était même quelques qui ne revenaient jamais du territoire de Grenth. Ceux-là, s’ils réapparaissaient en ce pays ou ailleurs, c’était sous la forme de morts-vivants. De la mort nait la vie, tel était l’enseignement de la Nécromancie.

« Pourquoi a tu choisis la profession d’élémentaliste en premier, et non de Nécromant ? » me demanda Rayna. « Tu suit les enseignements de Grenth bien plus que ceux d’aucun autres dieux »


« Ta question est pertinente, archère » lui répondit-je. « C’est justement l’étude des éléments qui m’a fait comprendre la nature, et l’inéluctabilité, de la mort. Tout disparaît un jour ; c’est la seule certitude. »


Alors même que le jeune illusionniste revenait à la vie et apparaissait à travers un Halo lumineux, je me mis en route sans même leurs jeter un regard. Je ressentais un remous habituel dans la « nature » des choses. Celui qui venait de réapparaître était certainement Dunham, oui, mais avec de subtiles différences dans son aura. Les portails nous ramenaient, certes, mais nous n’étions jamais identiques. J’avais ressentis ces subtiles différences dès la première fois ou je fus « ramené » par un portail. Ceci, plus que toutes autres choses, avait motivé mon intérêt croissant, considéré par certains comme morbide, pour la finalité de toutes choses. Son absence n’était qu’apparente par notre résurrection via les portails. Je n’avais malheureusement pas encore trouvé dans quoi se manifestait l’infime « différence » qui prenait place dans notre être après ce type de retour. J’essayais donc d’éviter une résurrection par un portail autant que possible.


Le groupe des mercenaires me rejoint rapidement. Je les attendais à la croisée de chemins indiquant la pente des brigands et le village des réfugiés.


« Nous prendrons par la plage, ceci nous éviteras de plus mauvaise rencontre comme les Ettins. » leurs dit-je. « Inutile de gaspiller nos forces, nous avons que trop perdu de temps. Le soir se coucheras bientôt, et je ne tiens pas faire cette route à la lumière des étoiles. »


« C’est toi qui paye, c’est toi qui vois ! » me jeta Petit Thom. Je lui dédiais un demi-sourire, et entraînais la troupe vers une marche dans le sable de la plage proche. Quelques Mergouille, en effet, interrompirent notre avancée mais sans nous donner de réelle difficulté. Terrasser ces créatures évoluait vers une habitude mortelle; jalonner notre route de leurs cadavres, un automatisme.


Au bout de la plage, un petit chemin se dessinait à partir d’une jetée. Deux barques étaient renversées sur le sable et des filets tendus séchaient au soleil. Nous n’étions plus loin du village. Le haut du talus nous dévoilait une courte plaine, parsemée d’arbres tropicaux typiques de cette région. Les feuilles de ceux-ci servaient de matériaux dans la conception des toits de maisons, car même séchées, elles gardaient une rare résistance. Nous pouvions voir l’entrée du village désigné par la tour de garde faites de rondins, délimitant une zone de sécurité. Reyna me dit qu’elle y voyait une sentinelle. Celle-ci, rôdeur certainement, lui fit quelques signes que l’archère nous traduisit.


« Nous devons nous hâter, cette plaine fait partie du territoire des Ettins, et ils sont partis à la chasse. »


« Je ne vois pas beaucoup de gibier, ici » rétorqua Stefan « Ce ne sont pas les rares cochons sauvages du coin qui pourraient les nourrir ! »


« NOUS sommes leur gibier ! En route ! Vite ! » Leur lançait-je.


Le sol qui résonnait de pas lourds se dirigeant dans notre direction me donna raison. Trois Ettins, monstrueuses créatures apparentées aux gobelins et aux géants avaient entamé une course dans notre direction. Leurs énormes massues pourvues de barbes faites de lames et de débris brassaient l’air devant elles. Un coup de cette arme pouvait tuer un homme sur le coup. Ces monstres étaient trop puissants pour notre groupe à cet endroit, les attirer vers l’entrée du village était ce qu’il y avait de plus sage à faire. Nous bénéficierons là d’un appui d’archers et de gardes plus important. Au pas de course, notre groupe traversa la plaine, les Ettins sur nos talons. Ils nous rattrapaient grâce à leurs grandes enjambées. Bien que la distance entre nous et le poste de garde diminue rapidement, je m’attendais à ramasser un coup d’une rare violence qui me décollerait la tête, à chaque seconde passée. Quelques sifflements caractéristiques fusèrent à mes oreilles agréablement. Des flèches explosives étaient envoyées à grandes volées sur les Ettins par les archers et rôdeurs affectés à la garde de la colonie d’Ascaloniens réfugiés. Littéralement transpercés de toutes parts, au point que leur pouvoir d’auto guérison ne devienne insuffisant, les Ettins s’écroulèrent massivement aux portes de la Colonie.


Notre groupe pouvait enfin souffler quelques minutes, La colonie était suffisamment bien fournie que nous permettre de bivouaquer.


« Départ demain à l’aube ! » dis-je au groupe. « J’ai quelqu’un à voir, ici. Bon repos jusque là. »


Je repartis sans rien dire de plus. Notre aventure jusqu’à présent, avais été, pour ce que j’en savais, mineure comparée à ce qui nous attendait. Pourtant, Il fallait changer nos méthodes, et s’adapter à l’environnement. Nous avions frôlé la catastrophe de très près déjà. Dans cette colonie, je me rappelais de quelqu’un qui pourrait m’aider à y voir plus clair.

 

 

Galrath - 5ème partie

Quelques jours plus tard, Je me repassais le reste de notre conversation en mémoire alors que j’arpentais le terrain des Sources Chaudes de Bergen.
La route que nous avions faite le lendemain fut ardue, mais une sélection de sortilèges plus adaptés à cette partie du voyage nous sortis grandement de mauvais pas. Notre groupe avait bataillé contre les Ettins, en définitive, ainsi que contre un groupe fort bien armés de Caromi qui tenaient la route principale. Cette bataille, pour sanglante, n’en était pas moins que mineure comparée à ce qui nous attendait. Au plus nous nous rapprochions de Bergen, au plus la présence de groupes de Mort-vivants fortement armés firent place à des créatures au sang chaud.
Désormais, nos ennemis seraient ceux qui sortaient du royaume de Grenth par la petite porte.
Mes aptitudes magiques étaient ici aussi courantes que l’air que nous respirions. Mais je ne désespérais pas de trouver l’un ou l’autre sort qui remettrait la balance en notre faveur.

Autour de moi quelques aventuriers, futurs champions de leurs divinités ou de leurs Guildes, cherchaient des compagnons pour diverses quêtes. Tous rassemblés autour des sources exhalant leurs vapeurs teintées de souffres.

« Holà, mage ! » M’apostropha l’un d’entre eux, guerrier de son état. « J’ai besoin de toi, vient ici ! »
Sans mot dire, je le fusillais du regard et lui tourna le dos.
« Vas-tu donc venir, jeteur de sorts ! » Me jeta t’il encore en posant sa main gantée sur mon épaule. Je la balayais d’un coup sec, lui enfonçant simultanément mon bâton de feu dans la glotte.
« Apprend d’abord la politesse, Espèce de Charr mal dégrossi ! Qui donc crois-tu être pour te permettre d’EXIGER ? » Lui lança-je à la face.
« He, tu sais bien que l’emploi des armes est interdit dans les villes, mage. Que comptes-tu donc faire ? » Articula t’il le visage arborant un immense sourire, malgré le bâton près de sa gorge.
« Te maudire serait déjà un bon début, non ? Envisage une malchance tellement collante que tu raterais tous tes combats !.....Apprécierais-tu ? »
« Tu n’a pas ce pouvoir. » Rétorqua t’il, mais le ton de sa voix dénantissait ses allégations.
« En est-tu si sûr, guerrier ? » Lui susurrais-je perfidement.
Il transpirait à grosse goutte, ses certitudes envolées. Je savourais l’instant.

« …Et apprend à demander avec politesse, la prochaine fois ! ». Je me détournais de lui, ma menace ayant fait son petit effet. Il restait planté sans rien dire, ni faire.

« ..Suis-je maudit ? » Entendit-je dire d’une voix moins assurée. Une idée me traversa soudainement.
« Assurément oui ! Et je ne connais qu’un seul moyen d’enlever cette malédiction, guerrier ! » Lui lançait-je sans me retourner. Il réapparu devant moi comme un diablotin hors d’une boite. Sa vitesse était impressionnante, mais pas autant que sa naïveté.

« Dis-moi, mage, que doit je faire pour enlever cette malédiction ? » Je jubilais intérieurement. Cette masse de muscles, probablement une parfaite machine à tuer, était aussi un personnage extrêmement crédule. Mais il pouvait devenir un atout.

Je pointais mon bâton dans la direction de l’entrée du domaine. « Vois-tu le groupe d’aventurier qui se trouve là-bas ? »
« Les mercenaires ? Oui, je les vois. »
« Ils sont bon, très bon pour leurs professions…si on considère même le fait qu’ils n’ont jamais choisis de seconde profession. Mais…aussi valables soient-ils, ils ne feront pas le poids là ou je vais ! » Dis-je, presque pour moi-même.

Les paroles de Vent-gris résonnaient encore dans mes oreilles : « Tu ne réussiras cette quête que si tu fait confiance à un groupe de champions, choisis des dieux. Les mercenaires ne feront que ce qu’ils sont payés pour, pas plus, pas moins ! »…notre soirée c’était conclue sur cette note.

« Et ou comptait tu aller, mage ? » Entendit-je dire, revenant de mes souvenirs à la réalité.
« Au delà de la mort, mettre fin à la vie de Galrath ! Répondis-je. Mon Nom est Brax !Quel est le tien ? »
« Borgnaar, répondit-il en présentant sa main, Encore désolé pour le moment passé. Enlèvera tu la malédiction que tu m’as lancée ? »
« Et bien, Borgnaar, si tu peux me réunir un groupe formé des meilleurs d’entre les meilleurs, qui ne s’enfuirons pas à la première occasion, et que la mort elle-même ne peux impressionner…J’annulerais ta malédiction, en effet ! » Et nous nous serrâmes les mains en guise d’accord.

 

 

Galrath - 6ème partie

Quelques mois plus tard……

Faible, je me sentais faible… Nauséeux aussi. La pluie tombait en rideaux dru sur ma nuque, mon visage encore enfouis dans la fange. Tout mon corps n’était qu’une plaie lancinante, allongé dans un marécage puant aux vapeurs délétères. Me redressant péniblement en faisant chuinter la vase tout autour de moi, je repoussais le corps de la moniale qui, dans son dernier souffle, avait du lancer un sort de résurrection avant d’être abattue à son tour par l’horreur squelettique que nous avions affrontés. Son doux visage ceint de cheveux blond était figé dans une grimace de douleur.


J’étais seul… parmi les cadavres. Ceux de mes compagnons, autant que ceux de nos ennemis. Leurs contours commençaient à s’estomper, signe que leurs âmes avaient réintégrés une forme physique, quelque part….mais je n’étais pas certain que cela fut à proximité.


Dans cette région un silence d’outre-tombe régnait en maitre. Le Rideau Noir n’avait jamais aussi bien porté son nom…Un rideau définitif sur les espoirs de survie des aventuriers intrépides, ou inconscients, qui s’y aventuraient. Des marécages qui vous pompaient vos énergies, et des morts-vivants d’une rare puissance arpentant un empire de dégénérescence….Déjà le passage des Terres Maudites, à l’ouest du plateau de Nebo, fut long…. Et sauvage. Notre groupe ne fut pas loin de subir un carnage par les Manciens Mort- vivants qui y pullulent. De nombreuses tentatives furent effectuées pour passer cette région… de nombreuses alliances, et de nombreuses équipes. Las, une énième tentative fut menée….qui nous fit aboutir ici. Au milieu de la zone la plus infecte que j’eu vu jusque-là. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises.


Dans cette ambiance d’absence de vie qui m’entourait à perte de vue la seule musique naturelle était la pluie. Un son supplémentaire vint s’y adjoindre bientôt. Quoique volontairement léger, celui-ci ne laissait aucun doute. Un cavalier avançait au pas dans ma direction. Me redressant sur mon long bâton, je n’eu pas à scruter beaucoup pour savoir qui, ou quoi, cela était.


Il était revêtu d’une armure noire bardée de figures démoniaques et de barbes acérées, mais nimbée d’un halo verdâtre de mauvais augure. Son cheval, décharné à l’excès, était un squelette sur lequel quelques rares morceaux de cuirs putréfiés restaient accrochés .Un seigneur cavalier Noir ! Et un loyal servant de Grenth, s’y je me rapportais à l’aura de puissance qui émanait de sa personne.


« Tu es fort loin de chez toi, petit mage ! Mais n’aie crainte, ta mort seras…longue, et douloureuse ! » Me jeta t’il en s’approchant, sans dévier son regard rougeoyant, et vide, du mien.


« Nous servons le même maître, voyons qui a sa faveur… à cet instant ! » lui fanfaronnais-je .Mes chances étaient fort mince, je le savais. Mais, pas inexistant.


Il chargea brutalement dans ma direction et mes deux premiers sorts le frappèrent quasi simultanément. Son fluide vital s’écoulait de sa carcasse vide en emplissant mes veines au fur et à mesure que ses coups me frappaient. Le regard du vampire lui enlevait encore un peu plus de son simulacre de vie, le troisième sort continuait à me régénérer par le lien noir que je lui jetai. Ses coups, quoique douloureux, ne m’enlevaient que fort peu de puissance. Il me jeta un sort d’absorption lui aussi, mais mes protections lui enlevaient de l’énergie dès qu’il invoquait quoique-ce soit et son sort se retourna contre lui. Terrassés, surpris de sa défaite, il essayait de s’enfuir afin de récupérer de l’énergie. Une boule de feu le cueillit en pleine course et détruisit son avatar corporel. Je m’approchais de sa dépouille, scanda une invocation qui me communiqua un sort puissant : celui Grenth lui avait octroyé. L’extraction de cadavres de démons-squelettes ! Un avantage certain dans cette région. La possibilité de retourner les corps physiques des ennemis, et amis, tombés, en une arme puissante.


…mais cela ne fonctionnerai que sur des créatures ayant un peu de chair, toutes autres formes d’os et de brumes ne pourraient servir.


De l’est, j’entendis un pas de course venir dans ma direction. J’étais fatigué, désorienté, et seul dans cette région maudite. S’ils étaient plus qu’un, je ne ferais plus le poids à présent. Je repensais brièvement aux membres de ce groupe à présent détruit. Le grand guerrier avait été un atout remarquable, fauchant ses ennemis à la hache tel les moissonneurs de Grenth. Presque un ami, bien que je l’avais berné dès le départ, exploitant son manque de réflexion sans aucun scrupule. Les autres avaient été des compagnons efficaces, surtout la servante de Dwayna. Iris des neiges, s’appelait-elle. Un très joli nom pour une très douce compagne d’aventure, une des rares a avoir réussi à casser ma bulle d’inflexibilité. Son esprit s’en était-il allé définitivement chez Dwayna ? Ou avait-elle réussi à revenir à un des nombreux portails de résurrection ? Je ne ressentais aucune présence, ce qui devenait inquiétant.


Les pas se rapprochaient, rythmés, constant. Un ennemi résolu, mais corporel. Ce qui m’avantageait. Sa forme, haute et élancée, se découpait à travers la brume environnante. Je relâchais ma garde, c’était un Rôdeur habillé d’un long manteau de cuir tanné.


Accompagné d’un fauve immense au pelage brun laissant saillir une musculature puissante, celui-ci ne m’était pas inconnu.


« Alors Mage, un bout de route ? » lança t’il brièvement.


« Sans aucun doute » lui répondis-je, en lui emboîtant le pas.


Je connaissais ce rôdeur en effet, quoique n’ayant jamais œuvré avec lui. Nous partagions des caractères assez similaires. Peu loquaces, concentrés sur le but des quêtes, et exigeant des autres. Donnant peu de nous-mêmes, aussi. Lui, par définition, préférait la nature sauvage aux présences humaines. Moi, je choisissais un isolement volontaire par méfiance des autres. Son nom était Cherchemort, un nom bien rare et bizarre. Le fauve s’appelait Therion. La bête. Un ensemble mortel.


Il s’arrêta brusquement en fin de marécage et huma l’air comme un animal. Les poils du fauve s’étaient dressés sur son échine.


« Derrière ce talus, il y a un ennemi. Grande taille, osseux, mais puissant. » Dit-il en montrant une direction devant lui.


« Chevalier Noir ? » lui demandais-je.


« Non, mieux….Un Dragon ! » répondit-il en souriant.


La nouvelle tomba comme une enclume au milieu d’un Lac. Un dragon ? Un formidable ennemi, en effet.


« Que penses-tu faire ? » lui demandais-je sans grande certitude, mais je connaissais déjà la réponse, et j’étais certain qu’elle n’allait pas me plaire.


« Penses-tu vivre éternellement ? » me lança t’il, en embrayant un pas de course plus rapide…vers le dragon.


C’était la direction du temple des âges, mais aussi la direction d’un gardien redoutable. Je le regardais accourir vers le danger, son nom prenait tout son sens. Nous étions tout les deux fascinés par la mort, différemment.


Je pris sa direction au pas de course. Des hurlements sauvages faisaient échos derrière le Talus, la bataille faisait rage.


…Mais, en effet, je ne pensais pas vivre éternellement.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :